K.A. la prédatrice by Maude Royer

Auteur:Maude Royer [Royer, Maude]
La langue: fra
Format: epub
Tags: A Cor (À Corriger !), Roman, Fantastique, Thriller, Horreur, Conte(s)
ISBN: 9782898191190
Éditeur: Corbeau (Éditions)
Publié: 2022-10-10T22:00:00+00:00

Première mue

Contrairement à l’autobus scolaire, l’autobus de ville ne desservait pas les villages des alentours. Débarquée à trois quarts d’heure de marche de chez elle, Katia était enfin de retour du cabinet du Dr Trudel. Elle ne pensait pas trouver sa mère en train de s’activer devant la cuisinière, surtout pas à 19 h passé. Elle eut l’impression, en poussant la porte d’entrée, que Sabine ne s’attendait pas non plus à la voir arriver à ce moment précis. Après avoir remis le couvercle sur un petit contenant de plastique blanc, elle l’avait caché dans l’armoire au-dessus d’elle, derrière ses pots d’épices, pour ensuite en refermer la porte dans un mouvement précipité.

Comme si je la prenais en flagrant délit de… de quoi ?

— Katia ? Te voilà ! Où t’étais passée ?

S’inquiétait-elle vraiment de son retard ?

— Tu sais, je devais voir un psy…

— Ah, c’était aujourd’hui ! T’en fais pas, t’auras pas à le voir ben longtemps. Je veux juste pas que l’école me fasse des problèmes.

— Ça va, il est gentil.

— Trop gentil ?

— Qu’est-ce que tu veux dire, trop gentil ?

— Laisse faire.

Une bonne odeur de viande et de tomates flottait dans l’air. De la vapeur s’échappait d’un gros chaudron frémissant. Souriante, Sabine touillait son mélange. Elle s’était lavé les cheveux, ils étaient encore mouillés. La vaisselle sale et les vieilles boîtes de conserve avaient disparu.

— Je t’ai appelée pour que tu viennes me chercher, lui dit Katia. T’as pas répondu.

— Je devais être dans la douche, punaise. À part le psy, t’as passé une bonne journée ?

— Oui.

Sabine posa sa cuillère de bois pleine de sauce directement sur le comptoir, essuya ses mains sur le tablier qui protégeait ses vêtements propres et posa un baiser sonore sur le front de Katia.

— Agnès aussi, figure-toi donc ! Elle s’est assise quelques heures dans son lit, et là, elle dort comme un bébé ! J’ai eu du temps pour cuisiner. Ça sent bon, hein ?

— Vraiment très bon.

— Y aura des p’tits pains au beurre à l’ail avec le spa-ghetti, comme t’aimes. Grouille-toi de monter faire tes devoirs, ça va être prêt dans une p’tite demi-heure !

Des p’tits pains à l’ail ! se réjouit Katia, même si elle n’était pas certaine de se rappeler leur goût.

Une fois en haut des marches, elle eut envie de parler à Agnès. Elle allait bien, après tout.

Peut-être qu’aujourd’hui, elle me répondra pas seulement oui ou non…

Reléguant ce fol espoir aux oubliettes, Katia ne se rendit pas jusqu’à la porte fermée. Pour une fois qu’elle avait sa mère pour elle toute seule, pas question de risquer de réveiller sa sœur qui, assurément, choisirait ce moment pour réclamer quelque chose. Elle ne fit pas ses devoirs pour autant, préférant rester assise en haut de l’escalier, à respirer les effluves appétissants émanant de la cuisine. L’oreille tendue, elle s’assurait qu’Agnès dormait toujours. Lorsque sa mère l’appela, elle se précipita en bas, craignant que les cris ne tirent sa sœur de son sommeil. Une grosse assiette de pâtes l’attendait sur la table.

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